Extraits :
« Or ce qui fit sa force il y a quarante ans est aujourd’hui son talon d’Achille : la théorie psychanalytique, si elle a humanisé la santé mentale, n’a pas évolué au rythme de la science. Au nom de la liberté, elle a même eu tendance à la fuir. Elle a rejeté en bloc les versions successives du « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux » (DSM), publié par la psychiatrie américaine, continuant à s’accrocher asa classification limitée aux névroses et aux psychoses. La remise en question est presque une hérésie. Déjà, en 1985, un article du docteur Escoffier-Lambiotte, dans « le Monde », qui pointait les découvertes sur les origines génétiques de l’autisme, avait suscité une vague de protestations des psychanalystes. En 2004, encore, ils snobent une étude de l’Inserm comparant les différents types de psychothérapie et concluant que les méthodes comportementalistes et cognitivistes se révélaient plus efficaces que celles inspirées de Freud. L’heure n’est toujours pas à la catharsis. Les intégristes de l’inconscient continuent de refuser toute évaluation. La pédiatre, épidémiologiste et directrice de recherche à l’Inserm Anne Tursz l’a constaté en enquêtant auprès de 50 psychiatres (dont la moitié sont psychanalystes).
Dans l’Obs : faut-il brûler la psychanalyse ? de LeNouvelObservateur
Elle a noté « une dévalorisation de la recherche en général voire une affirmation de son inutilité, et une véritable hantise des publications américaines, des classifications, échelles et outils, tout ceci semblant vécu comme des outils de restriction de l’espace de liberté professionnelle ».
Rendez-vous manqués avec la science, mais aussi avec les grands mouvements sociaux. Dans «Psychothérapie démocratique »), à paraître le 27 avril, le professeur de psychologie clinique Tobie Nathan souligne la façon dont la psychanalyse a perdu son crédit aux Etats-Unis, autre terre d’élection : dans les années 1970, au moment des grandes revendications gay, elle continue à considérer l’homosexualité comme une perversion et une « maladie ». Dans les années 1980, en pleine explosion de l’épidémie du sida, elle persiste à conseiller l’arrêt brutal de la drogue aux toxicomanes, préalable à tout travail thérapeutique, alors que la distribution gratuite de seringues est prônée par tous les soignants. Plus récemment, elle n’a pas mesuré l’enjeu du débat sur le mariage gay, l’adoption au sein des couples homo parentaux et la transsexualité. Certes, les grands principes de la théorie freudienne (le « ça », le « moi » et le « surmoi ») sont encore enseignes en philosophie dans les lycées. Certes ils imprègnent encore la pédopsychiatrie. Mais désormais ce sont les psychiatres comportementalistes (Christophe André, Patrick Légeron…) qui trustent les rayons des librairies et les médias. Après les parents d’autistes, les dyslexiques, les schizophrènes, les bipolaires, les dépressifs pourraient à leur tour monter au créneau. Aux Etats-Unis, un bipolaire vient d’ailleurs d’intenter un procès à son psychothérapeute qui, en quinze ans, ne lui a jamais proposé le traitement médicamenteux susceptible de réguler son humeur. Le constat de Tobie Nathan: «La psychanalyse est en fin de règne. » Comme l’historienne de la psychanalyse Elisabeth Roudinesco et le philosophe Alain Badiou (voir leur appel p. 100), il plaide pour un renouveau des pratiques. Sortir du déni. Ou mourir. »
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Une première réponse sur http://www.sujet.info/pages/107.html
D'autres suivront…
Peut-etre on peut paraphraser un peu les mots de Tobie Nathan: «La psychanalyse freudienne est en fin de règne.»