Ce numéro va tenter de relever le défi de cette double ambiguïté : privilégier la découverte (ou la redécouverte ?) du corps sexuel de l’enfant plutôt que du sexuel fantasmatique, ou du sexuel infantile dans l’adulte.
Ce défi ne suppose pas un intérêt exclusif pour le corps de l’enfant, mais passe aussi par l’interrogation du regard et de la parole des adultes sur l’enfant. Autrement dit, comment les adultes d’aujourd hui désignent à l’enfant ce corps sexuel pour lequel il n’a pas encore de mots ? y aurait-il un subtil déplacement de ce que Ferenczi appelait « la confusion des langues » qui ne se manifesterait plus seulement sur le mode de l’agir sexuel de l’adulte à l’encontre de l’enfant, mais plutôt sur le mode d’un discours sexuel venant très tôt s’introduire dans l’espace sémantique de l’enfant (cf. la généralisation des mots du sexe dans les espaces culturels du monde contemporain : publicité et autres)? Mots du sexuel qui, de surcroît, tendent à se confondre et à s’uniformiser. Car là où l’enfant possédait jadis une langue qui lui était propre et qu’il pouvait cultiver à l’abri des convoitises des adultes pipi, caca, popo, zizi… pour ne citer que les plus connus !-, il semble adopter, aujourd’hui, les mots du sexe qu’il partage de plus en plus tôt avec les adultes bite, nichons et autres fellation et sodomie mimant ainsi une initiation largement factice. Difficile donc de ne pas interroger comment le corps sexuel de l’enfant se façonne dans un environnement où la sexualité se targue de jouir de la langue déliée.
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